
La responsabilité des leaders
Combien de fois avez-vous lancé de nouveaux projets ou donné de nouvelles orientations, pour constater que rien n’avançait vraiment comme prévu ?
Parfois, on ose vous annoncer que le projet avance mal, mais trop souvent, on vous répond que tout évolue « normalement », et en réalité, on vous cache les vraies difficultés. Ces difficultés proviennent souvent de l'attitude de la ligne hiérarchique qui ne change pas de posture alors qu'elle le devrait.
Dans toute situation de réorganisation, de déploiement de projets, de changement de processus — en clair, dès qu’il faut faire évoluer habitudes et comportements — il faut impérativement changer de mode de pilotage.
Il faut passer du pilotage classique des opérations à un pilotage spécifique du changement. Et croyez-moi, ce n’est vraiment pas la même chose.
Manager les opérations, ce que fait le plus habituellement la ligne hiérarchique ; on est en environnement connu, et par conséquent l'activité managériale consiste à guider, faire faire correctement les choses telles qu'elles doivent être faites, débloquer ce qui doit l'être et obtenir des résultats. C'est un peu comme piloter une voiture en ligne droite. On ne dévie pas, on évite les obstacles et on accélère le plus vite possible. La vitesse vient de la connaissance de la route.
Le pilotage du changement, c’est une succession d’actions précises, ordonnées selon une méthodologie rigoureuse. Pourquoi ? Parce que l'on est dans un environnement inconnu, pilote comme passagers. C'est comme piloter en virage, cela se négocie étape par étape. Pour aller vite et ne pas risquer d'accidents, il y a des moments où il faut ralentir, comme en entrée de virage et faire attention et d'autres accélerer comme en sortie. La vitesse provient de la maîtrise de la méthode.
Et la méthode est importante, parce que les erreurs commises au début ne se voient presque jamais immédiatement. Elles se payent plus tard, souvent quand il est trop tard pour les corriger facilement.
C’est ce manque de savoir-faire qui freine tant de projets, notamment quand la décision descend la ligne hiérarchique.
Alors, quel est le vrai coût d’un projet mal présenté et mal conduit ? Combien de temps perdez-vous à dissiper des malentendus, à rectifier des rumeurs ou de fausses infos qui se propagent dans les couloirs ?
Un mauvais pilotage du changement se paie toujours, au minimum, en temps perdu. Aller vite ne veut pas dire aller à la va-vite.
C’est vous, leader du changement, qui devez maîtriser cette méthode afin de faire suivre le bon processus et de donner le rythme, en tenant compte de l’urgence nécessaire ET du temps nécessaire pour que chacun puisse digérer ce changement.
Souvenez-vous de ce proverbe essentiel : «Un leader ne fait pas ce qui est populaire ou facile, mais ce qui doit être fait.»
Un leader, c’est celui qui fixe des objectifs clairs, qui donne le bon rythme, et qui n’hésite pas à se faire aider, si ça peut éviter de prendre des risques inutiles.
Alors, si votre projet avance aussi lentement qu’un escargot, il ne faut plus laisser le temps filer sans agir. Il est temps de changer de mode de pilotage.
Parce qu’au bout du compte, réussir une transformation durable, ça demande une vraie maîtrise du processus, une méthode précise, une rigueur dans l’exécution. C’est ça qui fera toute la différence.
— Patrice Wellhoff